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la guerre des boutons


– Ça ne fait rien ! décida Lebrac. Mettez-y en travers du meufion[1], s’il y a gras dedans il pourra le rebouffer, y aura rien de perdu. Et des poings énergiques nouèrent en arrière, à la nuque, le bâillon sur les mandibules de l’Aztec des Gués qui fut bientôt réduit à l’immobilité et au silence.

– Tu m’as fait fouailler l’autre jour, tu seras « aujord’hui » fessé à coups de verge, toi aussi.

– Oeil pour œil, dent pour dent ! proféra le moraliste La Crique.

– Allez, Grangibus, prends la verge et cingle. Une petite séance avant le déculottage pour le mettre en « vibrance », ce beau petit « mocieu » qui fait tant le malin.

– Serrez-vous, les autres, écartez le cercle !

Et Grangibus, consciencieusement, appliqua d’une baguette verte, flexible et lourde, six coups sifflants sur les fesses de l’autre qui, sous son bâillon, étouffait de colère et de douleur.

Quand ce fut fait, Lebrac, après avoir pendant quelques instants conféré à voix basse avec Camus et Gambette, qui s’éloignèrent sans se faire remarquer, s’écria joyeusement :

– Et maintenant, aux boutons ! Tintin, mon vieux, prépare tes poches, c’est le moment, c’est l’instant, et compte bien tout, et ne perds rien !

Lebrac y alla prudemment. Il convenait en effet de

  1. Mufle.