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la guerre des boutons


nelles, car la Marie n’avait pas encore eu le temps, le travail devant se faire en cachette et son frère étant rentré trop tard la veille, de confectionner le sac à coulisses qu’elle avait promis à l’armée.

Le mouchoir de Tintin formait tampon sur la poche des boutons. Il le tira sans trop réfléchir, brusquement, pressé qu’il était de vérifier l’exactitude de ses comptes et… patatras… de tous côtés roulant sur le plancher ainsi que des noisettes ou des billes, les boutons du trésor s’éparpillèrent dans la salle.

Il y eut une rumeur étouffée, une houle de têtes se détournant.

– Qu’est-ce que c’est que ça ? questionna sèchement le père Simon, qui avait déjà remarqué depuis deux jours les étranges allures de son élève.

Et il se précipita pour constater de ses propres yeux la nature du délit, peu confiant qu’il était, malgré toutes ses leçons de morale et l’histoire de George Washington et de la hachette, dans la sincérité de Tintin ni des autres compères.

Lebrac n’eut que le temps, son camarade trop ému n’y pensant guère, de rafler d’une main frémissante le carnet de caisse et de le fourrer vivement dans sa case.

Mais ce geste n’avait point échappé à l’œil vigilant du maître.

– Qu’est-ce que vous cachez, Lebrac ? Montrez-