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la guerre des boutons


moi ça tout de suite ou je vous fiche huit jours de retenue !

Montrer le grand livre, mettre à découvert le secret qui faisait la force et la gloire de l’armée de Longeverne : allons donc, Lebrac eût mieux aimé en ch… faire des ronds de chapeaux, comme disait élégamment le frère de Camus. Pourtant huit jours de retenue !…

Les camarades, anxieusement, suivaient ce duel.

Lebrac fut héroïque, simplement.

Il souleva derechef le couvercle de sa case, ouvrit son histoire de France et tendit au père Simon – sacrifiant sur l’autel de la petite patrie Longevernoise le premier gage, si cher à son cœur, de ses jeunes amours, – il tendit à cette sinistre fripouille de maître d’école l’image que la sœur de Tintin lui avait donnée comme emblème de sa foi, une tulipe ou une pensée écarlate sur champ d’azur avec, on s’en souvient, ce mot passionné : souvenir.

Lebrac se jura d’ailleurs, si l’autre ne la déchirait pas immédiatement, d’aller la rechiper dans son bureau, la première fois qu’il serait de balayage ou que le maître tournerait le pied pour une raison ou pour une autre.

Quelles émotions n’éprouva-t-il pas l’instant d’après quand l’instituteur regagna son estrade !

Mais la chute des boutons ne s’expliquait guère.