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la guerre des boutons


Gugu à travers les planches de sa grange et puis qu’il vienne nous les chiper ou le dire au maître, nous serions de beaux cocos, après.

– Mais non ! tu ne risques rien, Tintin, reprirent en chœur les autres camarades pour le consoler, le rassurer et l’engager à conserver par-devers soi ce capital de guerre, source à la fois d’ennuis et de confiance, de vicissitudes et d’orgueil.

La dernière heure d’école fut triste, la fin de la récréation sombra dans l’immobilité et le demi-silence semé de colloques mystérieux et de conférences à voix basse qui intriguèrent le maître. C’était une journée perdue, la perspective des retenues ayant tari net leur enthousiasme juvénile et apaisé leur soif de mouvement.

– Qu’est-ce qu’on pourrait bien faire ce soir ? se demandèrent ceux du village, après que Gambette et les deux Gibus, désemparés, se furent retirés dans leurs foyers, l’un sur la Côte et les autres au Vernois.

Camus proposa une partie de billes, car on ne voulait pas jouer aux barres, ce semblant de guerre paraissant si fade après les peignées de la Saute.

On se rendit donc sur la place et on joua au carré à une bille la mise, « pour de bon et non pour de rire », tandis que les punis charmaient l’heure supplémentaire qui leur était imposée, en copiant une lecture de l’Histoire de France Blan-