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la guerre des boutons


lement fais attention, tiens-toi bien ! ne touche pas tes poches. S’il savait que tu en as encore…

Dès qu’ils furent dans la cour de récréation, les détenteurs de boutons remirent au trésorier les unités éparses qu’ils avaient ramassées ; nul ne lui fit de reproches sur son imprudence, chacun sentant trop bien quelle lourde responsabilité il avait assumée et tout ce que son poste, qui lui avait déjà valu une retenue sans compter la raclée qu’il pouvait encore bien ramasser en rentrant chez soi, lui pourrait revaloir dans l’avenir.

Lui-même le sentit et se plaignit :

– Non, tu sais ! faudra trouver quelqu’un d’autre pour être trésorier, c’est trop embêtant et dangereux : je ne me suis déjà pas battu hier soir et aujourd’hui je suis puni… !

– Moi aussi, fit Lebrac pour le consoler, je suis en retenue.

– Oui, mais hier au soir, en as-tu, oui z’ou non, foutu des « gnons » et des cailloux et des coups de trique !

– Ça ne fait rien, va, le soir on te remplacera de temps en temps pour que tu puisses te battre aussi.

– Si je savais, je cacherais les boutons maintenant pour ne pas avoir à les emporter ce soir chez nous.

– Si quelqu’un te voyait, par exemple le père