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la guerre des boutons


– J’te dis de me montrer ce qu’il y a « dedans » tes poches, n. d. D… ! et plus vite que ça !

– Y a rien pardine !

Et Tintin, noblement, en victime odieusement calomniée, plongea sa main dans sa poche droite d’où il retira un bout de guenille sale servant de mouchoir, un couteau ébréché dont le ressort ne fonctionnait plus, un bout de tresse, une bille et un morceau de charbon qui servait à tracer le carré quand on jouait aux billes sur un plancher.

– C’est tout ? demanda le père.

Tintin retourna la doublure noire de crasse pour bien montrer que rien ne restait.

– Fais voir l’autre !

La même opération recommença : Tintin successivement aveignit un bout de réglisse de bois à moitié rongé, un croûton de pain, un trognon de pomme, un noyau de pruneau, des coquilles de noisette et un caillou rond (un bon caillou pour la fronde).

– Et tes boutons ? fit le père.

La mère Tintin rentrait à ce moment. En entendant parler de boutons, ses instincts économes de bonne ménagère s’émurent.

– Des boutons ! répondit Tintin. J’en ai pas !

– T’en as pas ?

– Non ! j’ai pas de boutons ! quels boutons ?

– Et ceux que tu avais cette après-midi ?