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la guerre des boutons


Lebrac décida :

— Faudra se réunir ce soir !

— Oui, à quatre heures, à la carrière à Pepiot. Tant pis si on est chopé !

— On s’arrangera, exposa La Crique, pour jouer à la cachette, on filera chacun par un chemin de ce côté-là sans rien dire à personne.

— Entendu !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

C’était un soir gris et sombre. La bise avait couru tout le jour, balayant la poussière des routes : elle s’arrêtait un peu de souffler ; un calme froid pesait sur les champs ; des nuages plombés, de gros nuages informes s’ébattaient à l’horizon ; la neige n’était pas loin sans doute, mais aucun des chefs accourus à la carrière ne sentait la froidure, ils avaient un brasier dans le cœur, une illumination dans le cerveau.

— Où est-il ? demanda Lebrac à Gambette.

— Là-haut, à la nouvelle cache, répondit l’autre ; et tu sais, il a fait des petits !

— Ah !

Et comme Boulot, toujours bon dernier, arrivait, ils filèrent tous au triple galop vers leur abri provisoire où Gambette extirpa de dessous un amas de planches et de clous un sac énorme, rebondi, pétant de boutons, alourdi de toutes les munitions des guerriers de Velrans.