Page:Pernette du Guillet - Rymes, Tournes, 1545.djvu/20

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N’avois pouvoir, qui fort me marrissoit :
Mais quand je vis que l’aulbe apparoissoit
En couleurs mille & diverse, & seraine,
Je me trouvay de liesse si pleine
(Voyant desjà la clarté a la ronde)
Que commençay louer a voix haultaine
Celuy, qui feit pour moy ce Jour au Monde.



Ce grand renom de ton meslé sçavoir
Demonstre bien, que tu es l’excellence
De toute grace exquise pour avoir
Tous dons des Cieulx en pleine jouyssance.
Peu de sçavoir, que tu fais grand nuysance
A mon esprit, qui n’à la promptitude
De mercier les Cieulx pour l’habitude
De celui là, ou les trois Graces prinses
Contentes sont de telle servitude
Par les vertus, qui en luy sont comprinses.



Esprit celeste, & des Dieux transformé
En corps mortel transmis en ce bas Monde,
A Apollo peulx estre conformé
Pour la vertu, dont es la source, & l’onde.
Ton eloquence avecques ta faconde,
Et hault sçavoir, auquel tu es appris,