Page:Pernette du Guillet - Rymes, Tournes, 1545.djvu/28

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Ce, qui m’est deu, quoy qui en ait esmoy :
Car si Amour, & foy ont ce pouvoir
De vous donner, vous estes tout a moy.


A qui est plus un Amant obligé
Ou a Amour, ou vrayement a sa Dame  ?
Car son service est par eulx redigé
Au ranc de ceulx, qui ayment los, & fame.
A luy il doibt le cueur, a elle l’Ame,
Qui est autant, comme a tous deux la vie :
L’un a l’honneur, l’autre a bien le convie :
Et toutesfois voicy un tresgrand poinct,
Lequel me rend ma pensee assouvie,
C’est que sans Dame Amour ne seroit point.


Or qui en à, ou en veult avoir deux,
Comment peult il faire deux Amours naistre ?
Je ne dy pas, que ne puisse bien estre
Un cueur plus grand, que croire ie ne veulx :
Mais que tout seul il satisfeit a eulx,
Celà n’à point de resolution,
Qui sceust absouldre, ou clorre ma demande :
Et toutesfois ainsi qu’affection
Croist le desir, telle obligation
Peult Dame avoir a la Vertu si grande,