Peinture, ſe dit du ſujet d’un tableau. C’eſt quand un Peintre ne choiſit dans la nature que ce qu’elle a de vile & de bas dans la ſociété, & ce que l’uſage & le préjugé nous ont accoutumé à eſtimer peu. Les Peintres Hollandois & Flamands ſont aſſez communément de ce caractere ; les eſtaminettes, les tabagies, les yvrognes, les matelots, les danſes de Payſans, & autres choſes de ces eſpeces, ſont les ſujets qu’ils choiſiſſent. Ils prennent la nature telle qu’elle eſt, mais ils ne la choiſiſſent pas dans ce qui préſente des idées nobles & relevées. Il s’en eſt cependant trouvé qui ont peint & excellé dans le grand ; tels ſont Rubens, Wandeick, Rembrant, Lucas de Leyden, Albert Dure, &c.
BATAILLE, nom uſité parmi les Peintres pour ſignifier un tableau repréſentant un combat, une eſcarmouche, ou des gens de guerre.
Le feu & l’action doivent faire le principal caractere de ces ſortes de pieces ; c’eſt pourquoi une maniere forte & vigoureuſe, une main libre & aiſée, un goût heurté ſont préférables au beau fini, & à un pinceau trop délicat & trop terminé. On appelle Peintres de batailles ceux qui s’adonnent plus particulierement à ces ſortes de ſujets. Courtois, dit le Bourguignon, Vander-Meulen, Parocel & Martin ſont ceux qui ont le plus de réputation.
BAVOCHÉ en terme de Peinture, ſe dit d’un contour qui n’eſt pas couché nettement. Félib.
BAVOCHER. Les Graveurs diſent que la pointe bavoche, c’eſt-à-dire qu’elle n’enleve pas le vernis avec franchiſe, & que les tailles qui en ſortent ne ſont pas nettes.
BEAU en terme de Peinture, ſignifie ce que la nature a de plus parfait dans les objets relativement à notre façon de penſer. On le dit auſſi d’un tableau qui raſſemble beaucoup de perfections de l’art : un beau coloris, un beau clair obſcur, une belle invention, une belle ordonnance, &c. Ce n’eſt pas aſſez de peindre la nature telle qu’elle ſe préſente par-tout à nos yeux, il faut ſçavoir faire choix de ce qu’elle a de plus beau ; il faut la débarraſſer de tout ce qu’elle a de plus trivial, & l’étudier dans ſes
