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LA PARCELLE 32

des rêves de grandeur… Bernard dut revenir des champs au passage du laitier.

Il y eut en même temps des catastrophes dans la basse-cour ; une couvée de poulets se noya ; les rats dévorèrent de jeunes lapins.

Enfin il fallut laver…

Ils firent un soir le compte de leurs pertes ; elles dépassaient cent francs pour quinze jours.

— Voici bientôt le temps des batteries, dit Mazureau ; nous allons être obligés, bien souvent, de partir tous les deux à la fois pour travailler chez les voisins ; il faut absolument mettre quelqu’un chez nous.

— Il le faut, dit Bernard ; mais qui donc pourrons-nous trouver ?

Ils firent, par la pensée, le tour de Fougeray. Ni l’un ni l’autre ne s’arrêta une seconde à l’idée de prier Éveline. Il y avait au village deux femmes d’âge, à peu près inoccupées et vivant seules, on ne sait comment, au prix d’incroyables privations. Mazureau alla chez elles et fit ses offres ; elles refusèrent et le prirent même de haut, n’étant pas, Dieu merci ! dans la position de s’en aller servantes… Mais l’une d’elles indiqua au village de Saint-Étienne une femme dans le besoin et que le travail n’effrayait pas.

Mazureau fit donc le voyage de Saint-Étienne ; il trouva, dans une cabane fort mal meublée, une bonne femme très accueillante et très gaie. Il lui fit la proposition de la gager à l’essai pendant un mois et elle accepta tout de suite.

Dès le lendemain matin, elle vint s’installer à la Marnière.

Elle s’appelait Francille, avouait soixante ans