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LA PARCELLE 32

Elle lui fit face sans se faire prier et, devant Mazureau qui souriait, elle cabriola avec le petit gars comme une bachelette de quinze ans.

Le malheur de Sicot fut une consolation pour ceux de la Marnière. À vrai dire, Sicot n’était pas au bout de ses vantardises. Il disait maintenant à qui voulait l’entendre, qu’il pouvait bien supporter cette mésaventure, que cela ne dérangeait pas ses plans.

— Je veux acheter ! Je ne m’en cache pas, moi ! Quand la Millancherie se vendra, je dirai mon mot, mes amis ! Si mes vaches ont la cocotte, ma bourse ne l’a pas, elle !

Un gros rire élargissait sa face rouge et il crachait devant lui, loin de ses pieds.

Quand Bernard rapportait ces propos, Mazureau souriait.

— N’aie pas peur ! Nous le tiendrons bien !

Un dimanche, ils comptèrent encore leur argent. Malgré tout, cette maudite épidémie leur causait bien du tort ! Les bovillons, sérieusement touchés, seraient invendables avant le printemps. C’était un trou de quatre mille francs à boucher. Ils cherchèrent chacun de leur côté.

— Il faut vendre la jument, proposa Bernard.

— Non ! dit Mazureau ; on croirait que nous sommes ruinés…, ce n’est pas fier !

— On croira ce qu’on voudra : vous la vendrez !

— Non !

Bernard se tut un instant, puis il reprit âprement :

— Voulez-vous acheter la parcelle des Brûlons ?

— Oui.