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LA PARCELLE 32

ses paniers, se rendit à la ville et vendit le tout au poids, deux cents francs.

Le même jour, une voisine vint demander à Mazureau si, par hasard, il ne voudrait point se débarrasser du linge qu’il avait en trop ; elle aurait désiré une paire de draps. Il la laissa choisir pour un prix de cinquante francs. La vieille, consultée à son retour, apprit à Mazureau qu’il s’était laissé voler d’un bon tiers, sinon de moitié.

Là-dessus, Sicot vendit sa récolte ; dès le lendemain de la batterie les sacs de blé étaient sur charrettes et partaient aux Magasins Généraux ; le gaillard ne laissait pas traîner les choses !

Ceux de la Marnière ripostèrent en vendant encore du linge ; honteusement d’abord, et puis de façon ouverte et franche. Mazureau vida les armoires, mais ce fut la vieille qui eut la charge de discuter avec les voisines. Elle savait tout faire, la Francille, et jadis, pour son propre compte, elle avait plus d’une fois monnayé l’intérieur de sa maison.

Les acheteuses, connaissant son péché, venaient de préférence le soir, avec l’idée d’en avoir aisément raison. Elles se trompaient bien ! Assez coulante à jeun, la vieille devenait, après boire, tout à fait lucide et intraitable. Et ma jolie mignonne par ci, ma belle galante par là, tout en leur filant un refrain de vilaine chanson, elle vous les manœuvrait bellement.

Elle vendit des draps, des nappes, des essuie-mains, de vieilles chemises de femme, jusqu’à des mousselines anciennes et des rubans de coiffe.