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LA PARCELLE 32

— Bernard, dit le grand-père fièrement, j’entends régler moi-même mes différends… À se plaindre en justice, il n’y a que déshonneur !

Bernard tendit le poing vers le lit.

— Cré nom ! Si je ne vous laisse pas mourir tout seul !…

Il sortit à son tour, monta droit vers la Baillargère.

— Que veux-tu, petit ? demanda Marie qui était dans le courtil.

Il la toisa.

— Ce n’est pas aux femmes que je veux parler. C’est à l’oncle Sicot. Où est-il ?

— Il est peut-être par là, dit-elle, en montrant la grange.

Tournant la tête, Bernard aperçut l’oncle qui se glissait dans son écurie et qui fermait la porte sur lui.

— Je le vois ! Il n’a pas l’air fier !

Sicot n’était pas fier en effet, car il s’imaginait à chaque instant voir arriver les gendarmes.

Bernard se dirigea vers l’écurie ; la porte, verrouillée, résista sous sa poussée. Alors il cria, pour se faire entendre de Sicot et aussi des femmes qui étaient sorties :

— Dites donc, l’oncle ! c’est-il que vous avez peur, que vous vous renfermez si bien ?… Oncle Sicot ! Sortez donc avec votre fourche ! il y a un gars ici qui veut acheter la parcelle 32 des Brûlons : vous n’en aurez pas pour longtemps à l’embrocher !

Avisant un gros moellon, des deux mains il le souleva au-dessus de sa tête et le jeta dans le haut de la porte. Les planches, à moitié pourries, cédèrent et la pierre tomba dans l’écurie.