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LA PARCELLE 32

Bernard avança sa tête jusqu’au trou qu’il venait de faire.

— Hé ! l’oncle ! J’ai à vous dire une petite chose !… La terre des Brûlons ne sera pas pour vous ; si je vous vois ouvrir la bouche au moment de la vente, le lendemain, les gendarmes vous emmèneront, les mains attachées sur les fesses, comme un assassin que vous êtes !… Peut-être bien aussi qu’ils vous emmèneront avant…

Il se retourna vers les femmes.

— Vous avez bien compris, vous autres ? Il a fait un coup de galères…, s’il bouge, ça lui coûtera plus cher qu’au marché ! car personne ne m’empêchera de parler, moi !

— Mais enfin, qu’y a-t-il donc ? demanda Marie.

— Il y a que mon grand-père a reçu un coup de fourche dans la poitrine…, et demande donc à ton père s’il connaît celui qui le lui a donné !

Là-dessus, il tourna les talons et s’en alla. Éveline, un moment après, descendit derrière lui, mais quand il la vit venir, il entre-bâilla seulement la porte.

— Le grand-père ne t’a point demandée…, retourne-t’en d’où tu viens ! dit-il.

Pendant toute la semaine, Mazureau dut garder le lit. Bernard le pansait, lui mettait à boire sur une chaise, à portée de sa main, et puis sortait travailler au dehors.

Le blessé grelottait de fièvre ; la nuit, il battait la campagne, luttant contre des ennemis invisibles ou bien parlant à ses champs comme à des créatures vivantes.

Bernard songea qu’il serait bon d’avoir un certificat dont on pourrait se servir contre Sicot.