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Page:Perochon - Nene.djvu/100

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NÊNE.

connaîtra plus tard comme ayant tenu la place de celles qui manquent.

— Cela, c’est mon grand désir… et je ne demande pas autre chose ! dit-elle en se sauvant.

À partir de ce moment, elle fut Nêne pour Jo et aussi pour Lalie.

Tout au long des jours, ce nom revenait et, par lui, une douceur flottait par la maison. Aux lèvres gazouilleuses, il prenait la fragilité caressante d’un cri d’oiseau. Il était pour la joie et il était pour la peine ; il était le recours suprême, l’appel au protecteur infiniment fort et infiniment bon.

Michel n’avait fait aucune remontrance et il lui arrivait, à lui aussi, de dire, quand Lalie l’importunait de ses questions :

— Je n’ai pas le temps… Demande à Nêne.

À cause de cela, Madeleine lui pardonnait tout à fait ses duretés passées.

Elle se sentait regardée autrement qu’une servante, elle, l’humble fille habituée à louer ses bras ici ou là, au hasard du besoin, chez les remueurs de terre. Elle était devenue, par grâce des enfants, l’âme active de la maison, celle qui veille et qui rassemble.

Michel ne songeait plus à protester. Si l’image de Marguerite était toujours en lui, vivante et non vaincue, une autre y marquait aussi sa trace, chaque jour un peu plus. Et il se sentait pris lentement, avec une autorité douce et sûre.

Le temps d’hiver était venu avec ses longues veillées faiblement occupées. Boiseriot se couchait tôt