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NÊNE.

vous comprenez ? Je ne vous demanderai rien… Seulement, mangez, mangez bien !

— Je ferai de mon mieux, répondit-il honnêtement.

Il fut à peine installé que trois bourgadins de St-Ambroise prirent place en face de lui et commandèrent une friture.

Sur la chaussée, les rangs des curieux s’épaississaient. Toute la jeunesse du pays était là. C’était comme la première assemblée de l’année.

Il était venu des marchands qui avaient enlevé presque tout le petit poisson et les femmes des métairies avaient dû se dépêcher pour avoir, elles aussi, du fretin à bon marché.

Michel était seul pour vendre ; il ne pesait pas, se contentant d’estimer à vue d’œil. Les femmes se pressaient autour de lui avec toutes sortes de ruses pour passer avant leur tour. Une vieille, la dernière arrivée, s’était tout de suite faufilée au premier rang et, comme Michel venait de prendre un lot de belles pièces, elle écartait les paniers des autres et offrait le sien, couvercle levé.

— Ici… mets ici, câlin !

En haut, sur la chaussée, les jeunes se mirent à rire et à répéter :

— Câlin ! câlin ! mets ici, câlin !

Michel leva la tête ; juste au-dessus de lui il y avait un groupe de filles, et l’une d’elles, une grande, très jolie, qui montrait des dents étincelantes, le regardait bravement.

— Câlin ! Câlin !