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Page:Perochon - Nene.djvu/113

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NÊNE.

faisant des quatre lieues pour manger du poisson frais.

Mais, véritablement, il en mangeait ! Sa gourmandise était merveilleuse et les gens du pays en tiraient orgueil. Il restait à table six heures d’affilée, sans parler, sans tourner la tête, sans remuer seulement le bout des pieds, mangeant, mangeant, mangeant.

Beaucoup de curieux se mettaient en dépense pour s’asseoir en face de lui et le voir s’escrimer. Les gourmands ordinaires avaient beau se relayer, quand on mangeait du poisson, il en fatiguait quatre et cinq équipes.

Tout de suite, il vint près de la poêle et s’informa :

— Les tanches ne sont pas encore sorties ?

— Non, dit Michel, mais voici les premières qui arrivent.

Il dit du fond de son cœur :

— Ah ! tant mieux !

Puis, sans s’attarder davantage, il s’en fut porter la nouvelle à l’aubergiste.

— Vous savez, il y a des tanches… Faut que vous alliez voir.

L’autre s’empressa.

— J’y cours… mais d’abord je veux vous choisir une bonne place… Asseyez-vous ici ; tenez, au milieu de la table… c’est l’endroit où l’on met le plat. Et puis écoutez-moi : vous savez manger, vous… cela encourage les autres… Je vous servirai… d’amitié…