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Page:Perochon - Nene.djvu/119

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NÊNE.

à Gédéon de veiller sur le poisson à sa place, il s’en alla.

Sur la chaussée de l’étang et tout le long du sentier qui menait aux bâtiments, il y avait foule joyeuse ; mais celle qu’il cherchait ne s’y trouvait pas. Il revint sur ses pas, descendit par le pré, se dirigea une seconde fois vers la maison.

L’aubergiste avait dressé ses tables dans la grange ; à l’entrée, il y avait presse. Michel s’avança pour regarder ; mais on ne voyait là que « La Loutre » mangeant tranquillement ses tanches au milieu des gars échauffés. Il haussa les épaules, pris de dégoût et vira les talons.

Où donc était-elle ?

Il s’en revenait vers l’étang quand il la vit s’approcher toute seule, lentement, en balançant la taille, et si occupée par sa rêverie qu’elle eut un sursaut quand il parla.

— La belle, votre galant est-il parti que vous vous promenez seule ?

Elle répondit :

— Vous m’avez fait peur… Je ne vous voyais pas.

Il ne sut que répéter :

— Votre galant est donc parti ?

— Je n’ai pas de galant.

— C’est dommage !

Elle le regarda, la tête un peu penchée et ses yeux étaient doux comme du velours entre les cils rapprochés.

— … Vous n’êtes pas de par ici ? Je ne vous ai jamais rencontrée nulle part.