Page:Perochon - Nene.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
NÊNE.

Au lieu de répondre, elle demanda :

— Et vous, vous êtes le fils de la maison ?

— Je suis le fils de la maison… et je suis le patron… C’est pourquoi vous m’avez vu marchander avec les commères et c’est pourquoi j’ai mes sabots et ma cotte de tous les jours.

Elle le regardait toujours, en jouant avec son châle. Il reprit :

— J’ai parlé au photographe… il m’a répété qu’il tâcherait de m’envoyer deux cartes. Et je suis content de vous rencontrer : je voulais vous dire qu’il y en aura une pour vous.

— Ce sera un souvenir… Merci !

— Vous y avez droit. Si les cartes sont agréables à regarder ce sera à cause de vous.

Elle leva un peu les épaules, ce qui fit glisser son châle et elle se mit à sourire.

— Vous savez faire les compliments !

— Je dis ce que je pense ; ce sera un cadeau à la plus belle et cela ne me privera pas puisque j’en aurai deux. Mais il faudra que je sache où vous demeurez et qui vous êtes…

Elle hésita, puis elle dit :

— Bah ! Vous le saurez bien si vous voulez !… Et si le photographe n’envoie qu’une carte ?

Le châle avait complètement glissé, découvrant les belles épaules, la gorge fleurie. Une odeur très capiteuse enveloppait Michel et ses oreilles bourdonnaient comme des cloches secouées pour un carillon de Pâques.