Page:Perochon - Nene.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
NÊNE.

Quand elle revint, le samedi suivant, ce fut pour lui comme un éblouissement. Une telle bouffée de jeunesse lui emplit la poitrine qu’il se sentit une seconde partir en faiblesse.

Il était dans le pré, à côté des réservoirs aux poissons, et elle venait toute seule, un panier à la main, par la route de St-Ambroise. Quand elle fut sur la chaussée de l’étang elle lui fit un joli salut et se mit à descendre vers lui, nonchalamment, la taille balancée comme pour une danse.

— Bonjour monsieur Corbier ! Je passe voir si vous avez encore du poisson à vendre. Vous en reste-t-il qui soit à peu près beau ?

Il n’entendit pas ce qu’elle disait : il demanda, les idées en déroute :

— Quel est votre nom à vous qui savez le mien ? L’autre jour vous vous êtes sauvée sans me le dire.

— Mon nom ? Ne vendez-vous du poisson qu’aux personnes de votre connaissance ? Je m’appelle Violette et je suis tailleuse à Chantepie.

— Violette, vous êtes la tailleuse la plus jolie du monde.

Elle se mit à rire tout bas en renversant un peu la tête comme une pigeonne qui fait la belle gorge.

Il reprit, montrant la route :