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NÊNE.

— Je lui dis donc qu’elle est la plus belle du canton… vrai ou non, cela lui fera plaisir… Et puis que tu voudrais être toujours en adoration devant elle.

— Mets que je languis de ne pas la voir.

— Y a-t-il donc longtemps que tu ne l’as vue ?

Il hésita quelque peu et ses lèvres tremblèrent ; puis il répondit à voix honteuse :

— Il y a juste dix mois et trois semaines.

— Ah ! mon pauvre !

Madeleine laissa tomber sa plume et le regarda en grande pitié.

— Alors, pourquoi me fais-tu écrire ? pourquoi me fais-tu dire des compliments à cette mauvaise fille qui t’a abandonné ?

— Madeleine, je t’en prie, ne parle pas contre elle : cela ne serait pas à mon goût. Si elle ne m’aimait pas, je deviendrais fou… Mais elle m’aime, je te le dis ! Elle ne m’a pas abandonné… C’est sa mère qui lui a défendu de me voir… elle me l’a écrit en réponse à la lettre que tu avais faite à l’hôpital… Sa mère ne veut pas qu’elle parle à un Dissident… Il y a des vieux qui sont rudes !… Que veux-tu qu’elle fasse ? Elle n’a qu’à attendre… J’ai cherché à la rencontrer ; je suis allé à Chantepie, mais elle n’a pas osé sortir… Sa mère la tient court si tu crois ! J’ai été l’attendre aussi sur les routes à l’heure où elle revient de chez ses pratiques… mais je n’ai jamais eu de chance… Si, une fois, pourtant je l’ai aperçue ; comme elle était avec son