Le vent venait en musant ; il se coulait dans les champs de blé et balançait, tous à la fois, les épis verts barbelés de jaune ou bien il les secouait un par un comme pour les compter ; puis il remontait et se mettait à papillonner dans les branches.
Les haies s’étaient pavoisées, avaient sorti leurs feuilles les plus fraîches ; les fleurs luisaient, grandes ouvertes et de bel apprêt ; jusqu’aux petites herbes des talus qui s’étaient mises en frais ; il fallait les voir se dresser sur leurs tiges et faire les belles ! Les oiseaux chantaient comme des fous.
Madeleine marchait lentement tenant Jo par la main ; de temps en temps elle le prenait dans ses bras et le portait un petit bout de chemin ; Lalie trottait devant eux et ses cheveux frisés sautaient sur ses épaules.
Un coucou chantait dans un cerisier à un détour de la route ; Lalie s’approcha en tapinois pour l’épier, mais l’oiseau s’envola brusquement et alla se percher plus loin.
Coucou ! Coucou !
La petite se retourna, les yeux illuminés :
— Nêne ! entends-tu celui-ci ? Je pense que je lui ai fait peur !
Elle ajouta, en sautant dans la lumière :
— Je suis contente ! viens Jo !… On s’amuse !… Venez tous les deux !
Jo la rejoignit et se mit à appeler avec elle :
— Coucou ! coucou !… Où es-tu coucou ?