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Page:Perochon - Nene.djvu/164

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NÊNE.

Il n’avait plus son air attentif et rusé ; c’était un pauvre homme que la peine secouait et il bredouillait son jargon d’Auvergne.

— Elle les a laichés !… Quatre qu’ils chont !…

— Bougri de chaleté !… Et moi, faut bien continua le commerche… Les deux plus petits chont comme les vôtres ; cha crève le cœur ! Pis le plus vieux qui devient prechque aveugle… ch’est-y moi qui peux le choigner, ch’est-y-moi qui peux le guori ?… Ah ! le chort de tout le monde n’est pas beau, fouchtre !

Il avait fini de replier ses étoffes. Il se redressa, comme honteux de s’être ainsi laissé surprendre par l’émotion. Il dit sans le moindre accent :

— Je vous remercie madame ; si je repasse en ce pays, j’espère que vous aurez encore l’amabilité d’examiner ma marchandise.

Puis, ayant salué bien poliment, il saisit son fouet et ses chevaux démarrèrent.

Madeleine grondait en s’en retournant à la maison :

— Des femmes pareilles, on devrait les envoyer aux galères. Heureusement qu’il n’y en a guère comme ça, en ces côtés !… Quel pays cela doit être, cette Auvergne !

Le dimanche fut une journée de lumière. Le ciel était bleu ; le soleil donnait la fête.