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Page:Perochon - Nene.djvu/175

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NÊNE.

— De l’argent… pour ton tabac… oui, je vais t’en donner, mon pauvre.

Elle avait pris sa bourse et elle en tirait des sous, un à un, comme à regret.

— Tiens, voici quinze sous… est-ce suffisant ?

Il répondit amèrement :

— Un paquet de tabac ne coûte pas tant que cela.

— C’est juste, dit-elle.

Les sous étaient alignés sur la table ; elle en retira cinq et puis elle les remit en rougissant.

Elle avait serré sa bourse tout de suite et, pour oublier bien vite cette scène, elle parlait de sa mère, de Fridoline et elle se moquait de Tiennette, que l’on voyait sur les chemins en compagnie de Gédéon. Mais lui :

— Madeleine, tu n’as pas compris… et c’est ma faute. J’ai mal parlé ; je me suis servi de mensonges… Je n’ai pas envie de fumer… De l’argent, j’en gagne un peu tous les jours… J’en ai, mais pas assez pour ce que je veux faire. Prête-moi vingt francs… prête-moi dix francs… prête-moi cent sous seulement !

— Cent sous ! c’est toute ma fortune, dit Madeleine.

— Je le les rendrai quand j’aurai un emploi… comme je te rendrai tout ce que tu m’as donné déjà.

— Cela, non, par exemple ! Avec toi, mon grand, je partage et c’est une chose juste. Ce que je t’ai donné, si tu veux me le rendre, que ce soit en amitié.

Puis, inquiète de le voir ainsi tremblant devant