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Page:Perochon - Nene.djvu/174

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NÊNE.

— Riche ? Ah oui !… Si je gagne ma vie, c’est à toute peine.

Il baissa les yeux, répétant :

— C’est à toute peine… à toute peine… Je n’ai jamais le sou en poche.

D’habitude, il n’avait pas besoin d’en dire si long ; avant même qu’il eût parlé, Madeleine lui glissait une pièce. Aujourd’hui elle ne bougeait pas.

— Je suis habillé comme un vagabond ; tu vois, mes espadrilles ne tiennent plus… J’enrage de ne pas fumer…

Elle ne disait toujours rien. Alors, très pâle et les larmes aux yeux, il balbutia :

— Madeleine, écoute-moi… C’est dur ce que j’ai à dire… Madeleine, tu n’aurais pas un peu d’argent ?

— Ah toi, tu sais !

Elle avait jeté cela sur un ton de colère et elle se tenait immobile, tout interdite de ce premier choc.

Lui, fut un moment muet de surprise ; puis il se leva :

— Ah ! bien !… Ma sœur, je te dis au revoir !

Mais il n’avait pas fait trois pas que Madeleine se suspendait à son cou.

— Mon grand, ne t’en vas pas !… Attends que je t’explique… Il ne faut pas se fâcher… De l’argent, je vais t’en donner… Quelquefois on parle trop vite, vois-tu !

Elle l’immobilisait entre ses bras forts et lui faisait violence pour qu’il s’assît.