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NÊNE.

Madeleine, épouvantée, s’efforçait de lui relever la tête.

— Te tairas-tu, à la fin ! Qu’est-ce qu’il te faut ?… Tu demandais de l’argent… tu en auras… je te donnerai ce que tu voudras… mais tais-toi ! tais-toi !

— De l’argent ! oui, donne-m’en ! donne-moi cent sous… ce sera la dernière fois… Il me manque cent sous pour acheter la montre qu’elle désire.

Il ajouta sur un ton accablé :

— Après cela, les autres lui offriront la chaîne… Je suis lâche ; je ne suis pas un homme : tu le disais bien !

Madeleine vida sa bourse et, sans parler, lui mit l’argent dans sa poche.

— Merci, dit-il ; maintenant je vais m’en aller… Et ce soir, si j’ai fini assez tôt chez Rivard, j’irai acheter la montre ; elle l’aura demain, car elle travaille à Saint-Ambroise cette semaine… Tu ne l’as pas vue passer ici ce matin ? Ton patron l’aura bien vue, lui !… Au revoir ! ne m’embrasse pas ! non… non !… Je ne le mérite pas.

Il s’en alla et Madeleine se remit à l’ouvrage en pleurant. Au bout d’un moment, Lalie entra et se campa devant elle.

— Ah ! tu pleures ! dit-elle ; c’est ton tour ; j’ai bien pleuré hier, moi… Le Bon Dieu t’a punie : cela t’apprendra !… Iras-tu me la chercher, maintenant, la grande poupée chez Blancheviraine ?

Madeleine se pencha vers la petite et la serra avec emportement.