Page:Perochon - Nene.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
189
NÊNE.

— Moi pas ! dit Violette. Si vous aviez réellement envie de la chasser, les raisons ne vous manqueraient pas ; d’abord, elle vous vole.

— Cela non ! dit Michel.

— Non !… Pauvre homme !

Elle le regarda avec une sorte de pitié et elle se mit à lui conter les mauvaises histoires de Boiseriot. Mais comme il hochait la tête, toujours incrédule, elle s’impatienta et jeta nettement :

— Et puis, moi, j’en ai assez ! Si vous voulez que j’écoute vos compliments, vous vous priverez d’une servante aussi jeune.

Michel lui avait pris les mains et de force il les retenait en les siennes.

— Violette !… Violette !… C’est entendu… Cela s’arrangera… Si vous vouliez, c’est vous qui tiendriez maintenant la maîtresse place en ma maison ; s’il y avait une servante, elle serait sous votre commandement. Écoutez-moi…

Elle eut une parade de tête, mais il continua, plus pressant.

— Vous savez combien je vous aime pourtant ! Si vous m’aimez aussi, pourquoi ne voulez-vous pas être ma femme ? Pourquoi attendre et laisser passer notre jeunesse ?

La réponse n’eut pas le temps de venir.

Dans le silence du soir un cri monta, brusque, atroce, fou, un cri prolongé d’horrible épouvante et de souffrance indicible. Et puis, presque aussitôt, un autre, plus grave, plus rauque, le cri d’une bête traquée qui prend son élan et bondit.