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Page:Perochon - Nene.djvu/202

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NÊNE.

demeura au chevet du lit, obstinée, jalouse, méchante, les yeux larges et secs.

Le matin de la Toussaint cependant, comme la petite était partie en un sommeil profond, elle ouvrit la porte du corridor et, silencieusement, passa dans la chambre aux hommes. Ils finissaient de manger ; Michel venait de compter le gage des valets et il versait du vin pour marquer le départ de Gédéon qui s’en allait au régiment.

Ils la regardèrent sans rien trouver à lui dire. Enfin Michel demanda tout de même.

— Est-ce qu’elle dort ? La nuit a été bonne, il me semble ?

Et il attendit anxieusement la réponse ; mais la réponse ne vint pas.

Madeleine se tourna vers Gédéon.

— Alors tu quittes le pays, dit-elle ; où t’emmènent-ils, mon pauvre ?

Le jeune homme répondit d’un air brave :

— Pas au bout du monde ! Je vais à Angers, au régiment de dragons.

— Cela me fera chagrin, dit-elle, de ne plus te voir ici.

Michel risqua :

— J’espère bien qu’il viendra nous faire visite à chacune de ses permissions.

Puis il posa sur la table une petite pile de louis.

— Voici votre gage à vous aussi, Madeleine… Vous pouvez en avoir besoin.

Alors pour la première fois depuis huit jours, elle lui parla.