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Page:Perochon - Nene.djvu/204

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NÊNE.

chercher pour une blessure, car la vue du sang lui faisait mal. On disait qu’il n’avait pas fait de grandes études et que sa longue pratique ne lui avait pas appris grand’chose. Mais il avait tout de même ceci pour lui que, s’il guérissait peu de malades, il n’en tuait presque jamais.

Devant le lit où Lalie dormait toujours il se mit à parler bas.

— La pauvre mignonne… elle dort… il ne faut pas la réveiller ; il ne faut jamais réveiller les malades… C’est une brûlure, m’avez-vous dit ?… Pauvre petite bonne femme ! elle a dû souffrir un martyre… Je ne la dérangerai pas… Vous mettez de l’huile d’olive, n’est-ce pas ?

Madeleine répondit péniblement :

— Oui… de l’huile d’olive… c’est ce que je mets.

Elle s’était assise à côté du lit ; ses jambes étaient devenues molles, sa tête pesait ; elle ne souffrait pas, au contraire, ce ronronnement du médecin était sur sa peine comme un baume.

— C’est tout à fait ce qu’il faut… Continuez… et veillez à ne pas l’écorcher en la soignant… Ce sont les mains qui ont du mal et la joue gauche… Cela ne sera peut-être rien… Il faut l’espérer… Une si belle petite fille, ce serait grand dommage si elle restait défigurée ! Il faudra la distraire maintenant et la faire bien manger. Elle sera vite guérie… eh oui !… eh oui… C’est moi qui vous le dis : elle sera vite guérie… Les petits, il y a plaisir à les soigner… Comme elle dort ! Dites-moi, elle ne s’est pas beaucoup reposée, les nuits passées ?