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NÊNE.

On l’écoute parce qu’il est enragé catholique… Je pense que c’est lui qui invente ces histoires.

— Tu peux le croire, dit Madeleine… C’est un mauvais homme dont il faut se méfier.

— Dès qu’il est arrivé au village, à la Toussaint, ma patronne m’a fait vilaine humeur… et cela a toujours été en empirant. Maintenant on est en garde contre moi ; quand je reste seule à la maison on met tout sous clef… Je ne veux plus de cette vie ! Hier n’a-t-on pas égaré une paire de ciseaux… Ce matin, pendant que j’étais au chapelet, on a ouvert mon armoire et fouillé dans toutes mes boîtes ! Crois-tu ! Est-ce que j’ai l’air d’une voleuse, moi ? Je leur ai dit ce que je pensais et me voilà. Maman ira chercher mes hardes si elle veut ; quant à moi, non, je ne remettrai plus les pieds chez ces gens-là !

Tiennette reprit à sangloter. Madeleine s’efforçait de la calmer.

— Tiennette ! voyons, Tiennette, ce n’est pas une raison pour se mettre en cet état !

— C’est que tu ne sais pas ! balbutia-t-elle… Il peut apprendre tout cela, lui, et qu’est-ce qu’il pensera ?

— De qui parles-tu ?

— De… de Gédéon… Il est loin… je ne peux lui parler pour me défendre. On est capable de lui écrire contre moi… on l’a fait déjà une autre fois. À moi, on est bien venu dire qu’il était malade, à l’hôpital !… et ce n’était pas vrai, je l’ai bien su.

Madeleine crut devoir dire sévèrement :