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NÊNE.

Madeleine rougit.

— Je sais bien, balbutia-t-elle… J’ai entendu vanter votre école, croyez-le, Mademoiselle. Mais… c’est que… cette petite n’est pas comme les autres.

L’institutrice se mit à sourire ; légèrement, oh bien légèrement ! ses yeux posés sur Madeleine demeurèrent calmes et froids.

À son tour elle dit ce qu’elle avait à dire, en peu de mots ; et sa voix était sans rudesse comme sans douceur.

— Vous venez trop tôt ou trop tard. Il n’y a que trois rentrées : la première en octobre, la seconde en janvier, la dernière à Pâques. Comme cette enfant est déjà âgée, nous la prendrons… bien que ce ne soit pas conforme au règlement.

Puis, se levant, elle reconduisit Madeleine et Lalie.

— Excusez-moi, dit-elle, j’ai un peu de travail… Que la fillette aille jouer avec les autres.

Quand elle eut refermé la porte, Madeleine se sentit en détresse. Elle se pencha vers la petite.

— Lalie, veux-tu t’en revenir chez nous ?

Lalie, le cœur gros, ne répondit pas.

— Ma mignonne, si tu veux, nous allons nous en retourner… Allons, viens !

Elle se releva, prit l’enfant par la main et elle se dirigea bien vers la grille !… Mais comme elle allait la franchir, une arrivante lui barra le passage. C’était une demoiselle toute jeune, pas très grande, pas très jolie non plus, avec une figure pâlotte et des yeux loucheurs.