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NÊNE.

Elle dit sèchement :

— Salut, donc ! Que veux-tu ?

Il se mit à rire.

— Tu le sais bien, parbleu !

— Mais non, je ne le sais pas.

Il cligna de l’œil, fit mine d’aligner des sous sur la table.

— De l’argent ! encore de l’argent ! Tu tombes mal : je ne donne plus rien.

— Il ne s’agit pas de donner, mais de prêter… Et tu peux être sans crainte : ne suis-je pas ton frère ?

Madeleine haussa les épaules.

— Te donner de l’argent ! pour que tu ailles à l’auberge et que tu en sortes ivre comme tu l’es en ce moment ? Ou bien pour que tu le portes encore à cette fille ? Dis, c’est pour cela ? Eh bien, non ! c’est assez maintenant !

Cuirassier se leva, tout de suite en colère.

— J’ai à te dire que tu déraisonnes, Madeleine, lança-t-il, et que tu m’offenses grandement. Jamais je n’oublierai tes paroles ; elles sont entre nous pour la vie. Tu as parlé sans cœur et sans esprit comme une qui n’a jamais aimé personne.

Du coup, elle fut sur lui.

— Tais-toi ! Va-t’en ! Vous me rendez folle, tous, tant que vous êtes ! Tais-toi !… Ah ! je n’aime personne ! Eh bien, regarde là-bas dans le courtil… tu vois ces petits : en voilà deux que j’aime… Et je pense qu’ils en valent d’autres, je pense qu’ils valent celle qui te rend fou et qui te rend méchant et