Page:Perochon - Nene.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
NÊNE.

ner le temps à ses paroles de laisser leur marque.

— Vous pouvez bien aussi aimer les autres… Vous pouvez bien m’aimer, moi… ce n’est pas défendu ! Mais que votre maman soit la première ; je ne serai pas jalouse… Oui, vous pouvez m’aimer… Quand vous serez grands, vous pourrez dire : ce n’était pas notre mère, mais nous nous souvenons d’elle tout de même… Ce sera ma part ; je serai bien contente.

Lalie, dont la pensée était en nouvel et grand travail, demanda :

— Tu n’es pas notre mère… ni notre tante, ni notre cousine… tu parles de t’en aller… Alors, qui donc es-tu ?

— Qui je suis, moi ?… qui je suis ?

Jo, levant sa tête jusqu’au cou de Madeleine, dit, très étonné par cette question :

— Qui elle est ?… Eh bien, elle est Nêne !

Et, serrés l’un contre l’autre, ils ne parlèrent pas davantage ce soir-là.

Tout était prêt. Il n’y avait plus rien à dire maintenant, plus rien à faire. Inutile de pleurer, de prier, de se débattre… Il n’y avait qu’à s’en aller.

Encore une nuit, sept ou huit heures à peine…

Le mariage était le mercredi, mais, dès le lundi,