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NÊNE.

— De Boiseriot… Je l’ai bien vu, parbleu, mais pour l’aborder seul, ce n’était pas le jour ! Tout à l’heure encore, à St-Ambroise, il était attablé au café avec ton frère.

— Avec mon frère !

— Oui… et j’en ai été étonné !… Ils étaient seuls à leur écot et buvaient de l’eau-de-vie. Je me suis assis à une table et j’ai attendu en vain la sortie de Boiseriot. Je les voyais bien ; Boiseriot faisait l’ivrogne, mais c’était un faux jeu car il vidait son verre sous la table… Quant à Cuirassier ! Eh bien, lui, je pense qu’il était parti !… Il criait : « Tu dis à dix heures, à la croisée de Bellefontaine ?… C’est le coup ! »… Et il jurait, il tapait sur la table, il roulait de gros yeux… Il devait en avoir avalé, de l’eau-de-vie, pour être dans un état pareil !

Madeleine murmura :

— Quand il a bu, il est comme fou.

Dans la maison, l’horloge sonna.

— Neuf heures ! fit Gédéon ; j’ai juste le temps… Au revoir, Madeleine !

Il disparut dans la nuit commençante.

Madeleine ne s’était point levée pour le reconduire ; elle n’avait fait aucun mouvement, aucun geste d’adieu. C’est qu’elle était trop lasse, véritablement.

Elle l’aimait ce bon petit camarade, mais elle souffrait tant en ce moment ! Elle souffrait tant que Gédéon et Tiennette et Cuirassier et tous les autres lui étaient un peu indifférents.

Ses idées n’étaient pas bien claires. Qu’avait dit