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Page:Perochon - Nene.djvu/252

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NÊNE.

j’empêcherai le mariage ; je le puis encore, moi ! — Tu vois qu’il faut me suivre… Je te dis que tu ne le toucheras pas ! Je le défendrai ! Je vais crier quand il viendra… et la honte sera sur toi, sur moi, sur toute la famille.

Lui, rudement, secoue ses grosses épaules.

— Ôte-toi de mon chemin !

Il s’est dégagé ; il regagne la futaie.

— C’est comme cela ? Eh bien, attends !

Madeleine s’est ruée. Les bras ouverts elle a bondi sur son frère ; elle le soulève et l’emporte. Mais il reprend terre d’un coup de reins et sa grande main s’abaisse. Madeleine sent ses bras se dénouer ; une force irrésistible la lance au loin et sa tête sonne sur un tronc d’arbre…

Maintenant elle est étendue sur le dos ; autour d’elle la prairie tourne, le sol monte et baisse ; là-haut les étoiles dansent… et puis il n’y a plus rien…

Quand elle rouvrit les yeux elle vit une grosse tête penchée sur elle, et, sous ses épaules, elle sentit un bras qui tremblait. Cuirassier était à genoux ; complètement dégrisé, il sanglotait et il suppliait avec une douceur infinie.

— Madeleine, relève-toi !… Ma sœur, pardonne !… Madeleine, dis que tu n’as rien… que je ne t’ai pas fait mal !…

Madeleine le regardait, étonnée. Tout à coup, la mémoire lui revint… Elle jeta un cri ; ses mains, faibles, se crispèrent encore aux épaules de son frère. Mais lui se pencha davantage et dit tout bas, d’une voix honteuse :