Page:Perochon - Nene.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
247
NÊNE.

— Ne crains rien : il est passé… à cette heure, il est aux Moulinettes… Et moi, ma mauvaise folie est partie… Madeleine, qu’ai-je fait ? Dis-moi que tu n’es pas blessée…

Madeleine, redressée péniblement, eut le courage de sourire.

— Mais non, je ne suis pas blessée ! C’est une faiblesse qui m’a prise tout d’un coup… Je veux me lever : aide-moi.

Quand elle fut debout elle dut encore s’appuyer sur lui, et il dit :

— Veux-tu que je te porte ?

Elle ne répondit pas, elle songeait.

— Jean, dit-elle enfin, quand tu étais petit, c’est moi qui te conduisais le long des routes… Je n’étais guère plus grande, mais je connaissais mieux les raccourcis… Aujourd’hui tu te perds, Jean, et il faudrait encore te remettre en bon chemin.

Il répondit de sa douce voix de détresse.

— Ma sœur, mène-moi.

— Jean, il faut que tu quittes le pays pour quelque temps ; il faut que tu partes… tout de suite… dès ce soir ! Marche cette nuit et, si tu n’es pas assez loin, marche encore demain… Tu disais qu’à la ville tu trouverais facilement du travail : vas-y donc. Voici de l’argent pour attendre… prends !… Allons, prends !… Quand tu seras guéri tu reviendras. Jean, ne crois-tu pas que c’est la raison ?

— Ma sœur, mène-moi !

Elle le prit par la main et tous deux descendirent