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NÊNE

pas… que de la savoir tranquille et de bel espoir me sera un baume.

Madeleine avait pris le crayon, mais ses yeux se détournaient pour que son frère ne vît point la pitié qui venait d’y monter.

Le malheureux ! comme il aimait cette fille catholique que Madeleine et sa mère tenaient en méfiance !

Elle ne devait point se chagriner si fort ! Elle ne s’était pas encore informée de lui et la nouvelle n’était point venue qu’elle fût émue par le malheur de son promis.

Sans doute n’était-ce pas assez de cette blessure, sans doute n’était-ce pas assez de la misère contre laquelle il allait maintenant toute sa vie se débattre… sans doute lui faudrait-il porter un cœur dolent ! Comme il était difficile de vivre !

— Mon pauvre grand, tu ne devrais pas te fatiguer à songer de la sorte… Dans quelques jours… Quand tu seras plus fort…

Mais lui, avec des yeux suppliants :

— Non, Madeleine !… tout de suite, je t’en prie… Écris ici, tiens, sur ce plateau… que je voie ta main courir.

Elle installa sa feuille comme il le désirait et commença, lui soumettant chaque phrase :

« Ma chère Violette,

« Je ne t’écris pas de ma main à cause du malheur qui m’est arrivé. Je le fais marquer ces