Aller au contenu

Page:Perrault - Contes des fées, 1886.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
PEAU D’ÂNE.

porter : lorsqu’on sacrifie tout à la vertu, les dieux savent en récompenser. Allez, j’aurai soin que votre toilette vous suive partout en quelque lieu que vous vous arrêtiez, votre cassette, où seront vos habits et vos bijoux, suivra vos pas sous terre, et voici ma baguette que je vous donne ; en frappant la terre quand vous aurez besoin de cette cassette, elle paraîtra devant vos yeux ; mais hâtez-vous de partir, et ne tardez pas.

L’infante embrassa mille fois sa marraine, la pria de ne pas l’abandonner, s’affubla de cette vilaine peau, après s’être barbouillée de suie de cheminée, et sortit de ce riche palais sans être reconnue par personne.

L’absence de l’infante causa une grande rumeur. Le roi, au désespoir, qui avait fait préparer une fête magnifique, était inconsolable. Il fit partir plus de cent gendarmes et plus de mille mousquetaires pour aller à la quête de sa fille ; mais la fée qui la protégeait la rendait invisible aux plus habiles recherches : ainsi il lui fallut bien s’en consoler.

Pendant ce temps l’infante cheminait. Elle alla bien loin, bien loin, encore plus loin, et cherchait partout une place ; mais quoique par charité on lui donnât à manger, on la trouvait si crasseuse, que personne n’en voulait. Cependant elle entra dans une belle ville,