Page:Perrault - Contes des fées, 1886.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
CONTES DES FÉES.

RIQUET À LA HOUPPE.



Il était une fois une reine qui eut un fils si laid et si mal fait, qu’on douta longtemps s’il avait forme humaine. Une fée, qui se trouva à sa naissance, assura qu’il aurait beaucoup d’esprit : elle ajouta même qu’il pourrait, en vertu du don qu’elle venait de lui faire, donner autant d’esprit qu’il en aurait à la personne qu’il aimerait le mieux.

Tout cela consola un peu la pauvre reine, qui était bien affligée d’avoir mis au monde un si vilain marmot.

Il est vrai que cet enfant ne commença pas plus tôt à parler qu’il dit mille choses, et qu’il avait dans toutes ses actions je ne sais quoi de si spirituel, qu’on en était charmé.

J’oubliais de dire qu’il vint au monde avec une petite houppe de cheveux sur la tête ; ce qui fit qu’on le nomma Riquet à la Houppe : car Riquet était le nom de famille.

Au bout de sept ou huit ans, la reine d’un royaume voisin eut deux filles.

La première qui vint au monde était plus belle que le jour : la reine en fut si aise qu’on appréhenda que la trop grande joie qu’elle en avait ne lui fit du mal.