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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

Lorsqu’elle venait, toute parée, m’embrasser dans mon petit lit avant de partir, j’admirais toujours ce collier qui semblait à lui seul éclairer la chambre, comme une rangée de petits astres.

Papa dit à grand’maman que cela les avait bien étonnés de découvrir un jour qu’ils étaient faux.

« Vous avez donc voulu les vendre que vous les avez fait estimer ? » demanda ma grand’mère.

Mon père secoua d’abord la tête sans répondre. Enfin, il finit par dire :

« Ma situation de préfet a des nécessités de dépenses qu’il faut subir. Je regrette que vous sembliez ne pas le comprendre. »

Je me suis toujours souvenu de cette phrase, parce que ma grand’mère gronda papa à ce propos.

Puis elle ajouta en me regardant :

« Pauvre petit ! Quand vous vouliez vendre ces diamants, vous ne songiez donc pas à son avenir ? — Et, me regardant : — Je crains que vous ne l’ayez mal élevé. »

Ce qu’elle disait semblait faire de la peine à mon père.

Heureusement, dès le lendemain, elle partit.

C’est moi qui étais content ! Sa figure pâle me glaçait.

« Dis adieu à ta grand’mère, mon enfant, murmura mon