Page:Perrault - Les lunettes de grand'maman, 1885.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

— Non. »

Mon père, troublé, n’insista plus.

Quant à la vieille dame, qui avait écouté sans intervenir, elle laissa sa main, déjà tendue vers moi, retomber sur ses genoux.

Ils causèrent longtemps tous les deux. J’entendis bien des choses auxquelles je ne comprenais rien, mais il en est d’autres dont je me souviens encore très bien aujourd’hui.

« Pourquoi avoir laissé ma pauvre Marie dans une ville où régnait le choléra ? demanda ma grand’mère d’un ton de reproche.

— Elle n’a pas voulu me quitter, quoique je l’en aie suppliée bien des fois, répondit doucement mon père, et mon devoir, comme préfet, était de rester à mon poste. »

Puis on parla de mes droits…

Qu’est-ce que c’était que cela, des droits ?

Voilà la question que je me posai à moi-même.

Mais la personne aux lunettes m’intimidait trop. Je n’osai pas me renseigner.

On parla aussi des diamants de famille de maman. Ah ! cela, par exemple, je savais très bien que c’étaient de jolis cailloux brillants comme des soleils, que maman portait à son cou et à ses oreilles pour aller au bal.