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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

serait plus là pour le consoler. J’aime mieux le gâter un peu que de le rendre malheureux dès à présent. »

Quelle découverte ! Je me promis de m’en servir pour faire mes quatre cents volontés.

Le lendemain matin, en ouvrant les yeux, la conversation que j’avais surprise eut ma première pensée. Désirant m’assurer que ce n’était point un rêve, j’essayai bien vite d’en faire l’épreuve, et je me mis, sans autre motif, à crier de toutes mes forces.

Jenny, qui travaillait à côté de mon lit, se précipita vers moi. Elle avait l’air si effaré que cela me donna envie de rire, mais je m’en gardai bien ; je n’en continuai pas moins mon tapage en me frottant les yeux pour faire croire à des larmes.

« Monsieur Maurice, taisez-vous, je vous en prie. Voulez-vous quelque chose ? Qu’est-ce que vous avez, mon Dieu ? »

Je n’avais rien du tout. Je ne voulais rien que faire du bruit pour voir, et je ne savais trop quoi répondre :

Cependant il me vint une inspiration.

« J’ai faim, m’écriai-je. Je veux mon chocolat. Voilà pourquoi je pleure. J’ai très faim. Qu’on me fasse vite déjeuner au lit. »