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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

la cuisine, située en face, et nous souhaita le bonsoir.

Il était suivi de deux animaux : une petite chienne nommée Prudence et une chatte angora nommée Rapine, qui vinrent l’une et l’autre se frotter joyeusement contre leur maîtresse.

Les deux bêtes grondèrent en m’apercevant. Je compris tout de suite que nous ne ferions pas amitié ensemble, car je n’aimais, dans ce temps-là, les animaux que pour les taquiner, et ceux-ci ne me semblaient pas d’humeur à se laisser faire.

Tout cela entra avec nous dans la chambre, où flambait un bon feu. J’étais las, je m’assis sur une petite chaise garnie d’un coussin, à côté de la cheminée.

« Ôte-toi de là, Maurice, me dit ma grand’mère, c’est la place de Prudence. »

Je me levai d’un air boudeur et je m’avançai près d’un autre siège pareil au premier et placé en face. Mais la chatte m’avait devancé. Il paraît que c’était sa place, à elle !

Ah ça, est-ce que dans cette maison les bêtes allaient passer avant moi ? Furieux, je m’assis violemment sur le parquet, et je me mis à crier.

« Gertrude, allez chercher la chaise de Marie, dit