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Page:Perrault - Les lunettes de grand'maman, 1885.djvu/25

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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

housse grise, qu’elle n’a plus quittée depuis… Ma grand’mère avait de bons yeux, malgré ses lunettes.

Lorsqu’on eut soupé, Gertrude prépara mon lit, me prit sur ses genoux et me déshabilla.

« Mauvais principes, gronda sa maîtresse en secouant la tête.

— Oh ! seulement pour ce soir, reprit la servante. Voyez, madame, il tombe de fatigue. »

La bonne créature me fit faire ma prière, me porta à ma grand’mère pour lui dire bonsoir, et me glissa dans mon petit lit bien blanc et bien doux.

Voici comment était arrangée cette pièce, qui, je pus m’en rendre compte dès le lendemain, servait tout à la fois de chambre à coucher, de salon et de salle à manger.

La cheminée faisait face à la porte. Tout autour restaient en permanence le fauteuil de grand’mère et les sièges des deux animaux. À partir de mon arrivée, ma petite chaise s’ajouta aux autres, mais je la changeais de place à chaque instant. Cela m’agaçait de voir les choses toujours invariablement où elles étaient la veille. Je ne regardais jamais l’ensemble du foyer sans penser au conte de la Belle au bois dormant, que je m’étais souvent fait raconter.