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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

Le soir, Gertrude apportait une chaise de la cuisine, sa quenouille, son rouet, et veillait près de nous en filant.

On ne peut se figurer dans quelle stupéfaction me plongèrent, au début, cette chambre, avec son arrangement et ses destinations diverses, ces coutumes de familiarité, de veillée en commun avec une domestique, et tout ce que je voyais, enfin.

Mon esprit se perdait en des comparaisons interminables, entre le présent et les souvenirs qui me restaient du luxe en usage chez mon père.

Mon nouveau genre de vie me réservait bien d’autres surprises.

Le lendemain de mon arrivée, en ouvrant les yeux, je réclamai mon chocolat. Ma grand mère apparut alors avec mes habits à la main et une grande cuvette pleine d’eau froide !… toute froide !…

Elle m’embrassa, me demanda si j’avais bien dormi et m’aida à me lever et à me débarbouiller.

« Il faut t’habituer à te vêtir tout seul, mon enfant, dit-elle. Tu déjeuneras une fois prêt. Chez moi, cela se fait ainsi. Quant à du chocolat, j’en suis bien désolée, mais il n’y faut plus penser. Ici tout le monde mange de la soupe, au premier déjeuner. »