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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

À ces mots, j’entendis une sorte de gémissement partant de la chambre.

De la soupe, comme les domestiques, à moi, Maurice Moissac ? Ah ! mais non, par exemple.

Après m’être rapidement et assez mal habillé, je marchai vers la table avec l’air résolu que doit avoir un général prêt à livrer bataille.

Elle était dans son coin, sans trace de couvert !

« Le matin, je mange à la cuisine, dit ma grand’mère en me prenant par la main.

— Ça ne s’est pas toujours vu, marmotta la bonne qui faisait le lit.

— Gertrude ! dit sévèrement ma grand’mère en se retournant.

— Ah ! ma foi, madame, vous ne m’empêcherez toujours pas de penser que ce n’est point à votre âge qu’on doit changer ses habitudes.

— Pensez ce que vous voudrez, interrompit vivement sa maîtresse, mais faites-moi le plaisir de vous taire. »

Un second soupir, semblable à celui entendu, sortit du cœur de Gertrude. Ce fut toute sa réponse.

La cuisine, d’une propreté extrême, et bien rangée,