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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

Ma grand’mère, prenant un gros livre, le posa sur ses genoux, me fit asseoir sur un petit tabouret, devant elle, et me donna une leçon de lecture.

J’étais un âne, cela est certain. Mais j’aurais pu me rattraper bien vite si j’avais voulu… Seulement, je ne voulais pas. Voilà.

La journée se passa tant bien que mal ; mais, le lendemain, je recommençai la comédie de la veille pour le déjeuner.

Cependant, comme c’était de la soupe au lait, j’en avalai quelques cuillerées, non sans lancer à ma grand’mère des regards furibonds.

« Faut-il être méchant, pensais-je, se priver de café pour ne pas m’en donner ! »

Au bout de quelques jours, j’observai qu’il n’y avait jamais de plats sucrés dans cette maison. La composition d’un entremets était pour moi un profond mystère. Mais, comme j’en avais vu passer sur notre table de toutes sortes et de toutes couleurs, je finis par conclure, après avoir réfléchi bien longtemps, que, pour en faire, il s’agissait tout simplement d’ajouter du sucre à un plat quelconque. Je formai le projet d’essayer.

Ayant vu un matin, dans un bol, des œufs cassés pour faire une omelette, je courus au placard, et je pris deux