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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

disparates qui dans toutes les maisons sont mis au rebut.

Cette fois-là, je m’étais promis d’ouvrir une grande caisse que j’avais remarquée, et j’allais bien doucement en montant l’escalier, afin de ne pas attirer l’attention de ma grand’mère, si elle venait à se réveiller. J’étais déjà sur le palier du premier étage, lorsque je m’arrêtai tout intrigué : la porte d’une des chambres était entre-bâillée.

Le gros trousseau de clefs, ce trousseau que Gertrude ne quittait jamais, pendait à la serrure… Quelle aubaine !…

J’entrai. Comme ameublement, ce n’était pas joli. Du reste, les volets fermés ne permettaient guère de bien distinguer les choses. Le jour ne filtrait que par des fentes étroites pratiquées dans le haut : de ces fentes semblables à des yeux de Chinois qui rient.

J’aperçus vaguement un grand lit avec des rideaux bleus à fleurs grises ; mais mon regard fut presque tout de suite attiré vers un coin où justement un petit rayon de soleil, passant par les yeux des volets, allait caresser un tas énorme de choses rouges, dorées, verdâtres. Et puis mon odorat était sollicité par un parfum étrange, fait de toutes sortes de bonnes odeurs, mais qu’il m’était impossible de bien définir…