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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

de bois… Mais, dans cette antique maison, jamais un moment d’oubli, une distraction dont j’aurais pu profiter. Le lendemain ramenait fatalement, aux mêmes heures que la veille, les mêmes occupations, et ce que ma grand’mère oubliait le moins, c’était de mettre ses lunettes.

Après le premier déjeuner, elle me faisait lire, apprendre quelques fables de La Fontaine, écrire. Cela durait deux heures qui me semblaient deux ans ; ensuite j’allais jouer jusqu’à midi ; on se mettait à table, et, aussitôt la fin du repas, ma grand’mère s’installait dans son fauteuil, prenait un journal, et, presque toujours, après l’avoir lu, sommeillait une demi-heure.

Pendant ce temps-là, Gertrude lavait sa vaisselle, nettoyait sa cuisine avec tant d’attention, qu’elle oubliait de me surveiller.

Je n’avais pas tardé à observer tout cela, et, généralement, quand je projetais quelque escapade, c’est à ce moment que je l’exécutais.

Un jour je montai au grenier. J’en avais déjà fait le tour pas mal de fois, furetant, espérant toujours découvrir quelque chose d’amusant.

Mais c’était si propre et si bien rangé chez nous qu’il n’y avait aucun de ces recoins où s’entassent ces objets